Musée de Quiberon - maison du patrimoine

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Réddition de la poche de Lorient (Docs 1945)

« Herr Général, je vous rends la forteresse »


Le 10 mai 1945, le général

allemand Fahrmacher remet son arme au général américain Kramer.La Poche de Lorient est libérée après 9 mois de combats et de souffrances.

L'histoire« Herr Général, après neuf mois de résistance, je vous rends la forteresse de Lorient. » Ce 10 mai 1945, sur une prairie de Caudan, le général allemand Fahrmacher remet son arme au général américain Kramer. Trois jours plus tôt, le colonel Borst signait l'acte de reddition dans un bar à Étel. Lorient est enfin libre, neuf mois après le reste du Morbihan, onze mois après la Normandie...

Une Poche bien protégée

Commandant la région Bretagne pour la Wehrmacht, depuis le 7 août 1944, le général Fahrmacher s'était replié avec 26 000 hommes dans la « festung », la forteresse en allemand. La Poche de Lorient, un territoire protégé par trois lignes de fortifications, 90 km de front entre la Laïta et la presqu'île de Quiberon, 500 canons de divers calibres, des kilomètres de fils barbelés tendus, des obstacles type hérisson de béton juchant les plages, des fossés antichars et des milliers de mines posées un peu partout. La plus petite enceinte, qui protégeait la base des sous-marins avait été conçue pour tenir 56 jours avec 12 000 hommes. Ils ont tenu neuf mois.

Pendant neuf mois, les 20 000 civils lorientais coincés dans la Poche ont vécu l'enfer. Assiégés, les Allemands confisquent le maximum de nourriture. Et à la disette s'ajoute le manque d'électricité, d'eau, de chauffage et de médicaments. Les occupés doivent se tenir à carreau. Un incident mineur peut très vite dégénérer. Plusieurs dizaines de civils seront exécutés sommairement par un occupant de plus en plus nerveux.

Neuf mois d'affrontements

Malgré l'oppression, les mouvements de résistance se structurent dans de la zone assiégée. Outre des initiatives individuelles de sabotages, des Lorientais jouent un rôle important dans la collecte d'informations.

Dehors, 15 000 FFI et 5 000 hommes d'infanterie américains sont répartis autour de la Poche. Des soldats refroidis par la libération de Brest, en septembre 1944, qui avait coûté la vie à 2 000 libérateurs et en avait blessé près de 8 000. Depuis septembre, la consigne côté alliés est donc de contenir les Allemands dans leur forteresse, ce qui n'empêche pas les affrontements. Les duels d'artillerie sont les combats les plus récurrents. Il s'agit souvent de détruire des batteries, casernements, ou clochers qui constituent des observatoires privilégiés.

Ces attaques allemandes et alliées ont fait 224 morts chez les FFI, 33 chez les Américains et quelque 900 dans le camp allemand. La Poche a fait des morts jusqu'au dernier jour. Le 7 mai 1945, un Larmorien est grièvement blessé dans une escarmouche aux Cinq-Chemins, à Guidel. Gilbert Quéret mourra le 5 juin, c'est le dernier soldat tombé pour la libération de Lorient célébrée ce 10 mai.

Olivier CLÉRO
Journal Ouest-France du 10/05/2010
Edition : Lorient - Rubriques : Lorient ville