Musée de Quiberon - maison du patrimoine

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L.de TALHOUET (Docs 1795 blancs)

Emouvante lettre écrite peu de temps avant son exécution à Vannes le 26 août suivant par Louis de TALHOUET, Jeune officier royaliste blessé le 16 juillet 1795 lors de l'offensive des régiments d'émigrés contre le camp de Ste Barbe (son père le Comte de Talhouët-Grationnaye commandant le régiment du Dresnay y fût tué); il gardait encore l'espoir du sursis accordé par le représentant du peuple BLAD aprés les démarches effectuées par sa famille :
"Louis de T" à sa tante, sans date (1795) ni lieu.
" Ma chère tante, j'existe encore, et comme vous je bénis la Providence qui me laisse sur la terre, sans savoir si c'est un bien ou un mal pour moi. je voyais venir ma mort. Dieu m'avait fait bien des grâces. L'exemple de mes camarades m'avait touché, pénétré. un prêtre qui nous reste encore ici m`avait aidé de ses conseils. enfin je voyais venir la mort sans la craindre beaucoup, l'idée seule de votre malheur, de vos regrets et de ne plus vous voir, altéraient quelquefois ma fermeté. Enfin, me voilà en vie ma chère tante, attendant avec patience la décision de mon sort. Je vous remercie de tous les bons conseils que vous me donnez, ils me sont bien utiles et j'espère en profiter. Je ne saurais trop vous remercier pour tous vos présents; jusqu'à ce que je sois transféré à AURAY, je ne pourrai en jouir ni profiter de la lecture de vos livres. Nous sommes ici réunis au nombre de vingt, trente-trois dans une seconde prison et trente-trois acquittés à QUIBERON; voilà. à peu prés tout ce qu'a obtenu le sursis, le reste a été (victime) et je crois que vous ne vous tromperez pas sur leur sort. J'ai vu de mes malheureux camarades au dernier moment joindre à la plus grande résignation un calme et une fermeté inébranlable. Que de martyrs ! Adieu ma chère tante. je vous prie d'être persuadée de l'amitié, de la reconnaissance et du respect avec lequel je serais toujours votre très humble et très obéissant serviteur." - P.S "Consoler ma tante de LANGLE. son fils, son malheureux fils est heureux maintenant, ainsi que BOCOZEL; qu'elle ne s'afflige pas sur leur sort Bien des amitiés, s'il vous plait, à toutes mes cousines et à David."

Claude-Louis-Marie-Vincent de Talhouet-Grationnaye. Originaire de Nantes (Loire-Atlantique), âgé de 18 ans. Ecolier. A quitté la France en 1790 ; rentré en France, est allé à Toulon ; pris par les Anglais à bord de la frégate la Topaze, emmené en Angleterre. Contraint de s'engager dans du Dresnay, où il fut sergent, puis sous-Lieutenant en considération de son pére qui y servait en qualité de Lieutenant-Colonel. Mis en sursis de jugement par la commission Bouillon le 13 thermidor, malade on avait accordé l'autorisation qu'il logea chez une de ses parentes qui habitait Vannes, Mlle de Berné. Un planton veillait à la porte. Il aurait pu facilement s'évader. Le Général lemoine, dit-on, regretta qu'il ne fût pas enfui. Mais le jeune prisonnier craignait que sa fuite n'attirât des représailles aux siens, particulièrement à sa mère. Quand l'ordre fut apporté de le conduire en prison pour le jugement, Louis demanda à sa soeur son livre d'heures, puis il suivit le gendarme. Séance de la commission militaire du 10 fructidor ( 27 août 1795 ).

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