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1795 «L'Affaire de Quiberon
Forces Royalistes voir en annexe Dans le Morbihan, 12.000 Chouans guettent les voiles anglaises. Le 17 juin 1795 déjà, une division attaque par surprise une poudrerie républicaine, s'empare de la poudre, et la transforme, en famille, sous la forme de cartouches. Reste à attendre les armes anglaises. Débarquement réussi
![]() < Le comte de Provence - gravure de Bonneville Pour faciliter leur arrivée, les Chouans dispersent l'armée républicaine à terre. Ils conquièrent d'abord le bourg de Carnac, puis progressent rapidement dans les terres. En quelques jours, les royalistes se rendent maîtres de Sante-Barbe, Auray, Mendon et Landévant. Si l'avancée est incontestable, l'obéissance hiérarchique l'est moins. Le lendemain du débarquement, apparaissent déjà les premières divergences au sein des autorités de commandement. Sous les traits des comtes d'Hervilly et de Puisaye s'affrontent les deux frères de Louis XVI : le comte de provence futur Louis XVIII et le comte d'Artois futur Charles X (voir en annexe) Si d'Hervilly dépend de l'autorité anglaise, (il s'affirme "Général en chef de l'expédition"), Puisaye tient la sienne de la France (il se dit "Commandant en chef des troupes de débarquement"). Ainsi la distribution des armes amenées par les Anglais aux Chouans pose problème, tout comme la stratégie à adopter. Le 28 juin, les Blancs assistent à deux offices religieux, l'un sur la plage de Légénèse avec Puisaye, l'autre dans le bourg de Carnac avec d'Hervilly. O combien symbolique, ce conflit interne s'amplifie de jour en jour, à l'avantage des républicains. IL y aura bientôt des atermoiements, des ordres, des contre-ordres, un mépris total des Chouans de la part du Comte d'Hervilly. Tableau de Hannequin sur l'affaire de Quiberon ![]() De leurs côtés, les Blancs progressent vers Quiberon.....
Du soutien venu des eaux C'est Georges Cadoudal qui redonne espoir aux Royalistes. Dans la nuit du 10 au 11 juillet, 3.500 Chouans, encadrés par leurs chefs, embarquent pour Sarzeau sur ordre de d'Hervilly avec l'objectif de gagner les Côtes du Nord pour y constituer une autre armée «blanche» qui surprendrait Hoche sur ses arrières. Quiberon ne les reverra jamais. Les pertes des Républicains n'étaient pas négligeables, mais celles des Emigrés sont plus importantes encore: 1500 morts, les canons abandonnés près de leurs chevaux abattus. Les Chouans multiplient alors les tentatives de sortie du fort Penthièvre qu'ils occupent depuis le .le 15 Thermidor an III, mais en vain.
4000 hommes défendent le fort. La garde du "Fort sans Culotte" avait été confié aux 400 hommes, transfuges de l'armée républicaine. Ils désertent en grand nombre ainsi que les soldats républicains recrutés en Angleterre sur les sinistres pontons anglais. A Vannes, Hoche se fait envoyer tous les déserteurs pour les interroger et dresser ses plans. Il donne des ordres très précis : Reprendre le Fort "sans culotte" et égorger tout ce qui se trouvera dans le fort. Un orage brutal éclate sur la Presqu'île dans la nuit du 20 juillet. C'est ce qu'attendait Hoche pour attaquer. Avec d'énormes difficultés dues à l'orage, les colonnes d'assaut prennent le Fort par surprise car l'orage et le bruit des vagues couvrent les pas des 3.000 hommes qui attaquent le Fort par le centre, la gauche et la falaise. Les navires anglais ont beau tirer, la riposte royaliste ne stoppe pas l'entrée des républicains dans le fort. Les soldats royalistes sont massacrés sans pitié : à deux heures du matin, l'adjudant Général MESNAGE est maître de la place et, selon l'ordre de Hoche, il a "fait égorger tout ce qu'il a trouvé".
A Port d'Orange, l'embarquement s'est organisé, comme à Port Haliguen. Il y aura des scènes atroces et des dévouements admirables. Charles de Sombreuil avait pu tenir un peu de temps autour du moulin de St-Pierre, mais il lui faut reculer, reculer jusqu'à Porigo près de Port Haliguen. .Blessé le 16 juillet, d'Hervilly est évacué sur un bateau anglais. A Quiberon, le comte de Sombreuil tente de résister aux Républicains. Femmes et vieillards se jettent à l'eau pour tenter de rejoindre une chaloupe, des Chouans se suicident, d'autres se noient. Tout va se dérouler maintenant devant cette grève jonchée de 700 cadavres. Un émissaire de Hoche, Rouget de L'Isle, apporte les paroles du Général "se rendre à discrétion". Il revient vers Hoche "Ils vont se rendre". "Oui, répondra celui-ci, voilà ma tâche remplie. Celle des représentants commence. Qu'ils viennent partager cette affreuse responsabilité". Quand Rouget de l'Isle, ramenant Tallien et Blad, débouche sur la dune, il voit Hoche près de Sombreuil, ils marchent côte-à-côte, paisiblement. Nul ne saura jamais ce que se sont dit les deux chefs. En revenant à Porigo, Sombreuil déclare: "J'ai obtenu des Généraux républicains une capitulation qui vous garantit à tous la vie sauve", mais il taisait la terrible exception qui le concernait. Hoche avait exigé que cesse le feu des frégates anglaises, les signaux n'ont pas été compris. Un jeune lieutenant de vaisseau, Gesril du Papeu(voir en annexe), ami de Chateaubriand, ote sa veste, se jette dans les vagues et nage jusqu'à la corvette la plus proche. Il transmet l'avis de capitulation et l'ordre de cesser le feu (le navires anglais cannonaient la plage). Mais, comme il a donné sa parole, il revient à la nage pour se constituer prisonnier. Le 21 juillet, la reddition de Sombreuil sonne le glas de l'Affaire de Quiberon. Hoche forme des colonnes de prisonniers, Sombreuil en tête. L'ordre est donné à la longue file des prisonniers, un peu plus de 3000 hommes, Emigrés et Chouans de quitter Port Haliguen. Ils iront à pied par de mauvais chemins. Le cortège marche sans surveillance vers Auray, où les captifs sont entassés dans les églises. 748 fusillés La répression de l'armée est implacable. Alors que les conventionnels de Paris tardent à prendre une décision, le directoire départemental demande l'exécution des principaux chefs royalistes à Vannes. Près de 20 commissions militaires vont siéger pour juger ceux qui ont «servi contre la France». Sur les 6.262 personnes arrêtées, femmes et enfants sont rapidement relâchées.
<Prison de Vannes (Ouvrage Charron 1826) Les exécutions se succèdent à Quiberon, Vannes, Auray et Port-Louis. Au total, 4.245 personnes passent devant les commissions. 74% d'entre elles seront acquittées, et parfois incorporées dans l'armée ou libérées contre des amendes en grains. 6% feront de la détention. Sur le nombre d'exécutés (17%), les Emigrés, les nobles et les prêtres ont été les plus touchés. Reddition ou capitulation, la question reste posée. La parole que Hoche aurait donnée à Sombreuil de laisser aux émigrés la vie sauve expliquerait pourtant que les prisonniers ne se soient pas échappés lors de leur transport «peu surveillé» vers Auray. Quelques mois après l'Affaire de Quiberon, en octobre 1795, la Convention fait place à un nouveau régime, le Directoire. Mais l'insurrection existe toujours dans l'Ouest. Dès le mois d'août 1795, Cadoudal réorganise l'armée des Chouans et poursuit ses actions en Bretagne. Les traces du débarquement et de la répression
Dès 1795, les lieux d'exécution des émigrés et des Chouans sont appelés «champs des martyrs». 206 royalistes sont exécutés dans les marais de Kerzo, actuel Champ des Martyrs à Brech. Sur place, les corps sont à peine ensevelis, si bien que les ossements remontent rapidement à la surface. Grâce à une souscription, la construction d'une chapelle à la Chartreuse d'Auray est entamée dès 1823 en mémoire des victimes royalistes de Quiberon.
Pour en savoir plus : Bertrand Frélaut Roger Dupuy Acte du colloque d'Auray (13/14 septembre 1995) Bicentenaire du débarquement des émigrés à Carnac et de l'affaire de Quiberon, par l'association Mémoire d'hier et d'aujourd'hui (02.97.56.36.83) Chevalier BERTHIER DE GRANDRY Duchesse de SAULX-TAVANES Sur les routes de l'émigration. Mémoires (1791-1806) publiés avec une introduction et des notes par le Marquis de Valous. Paris, Calmann-Lévy, 1934 "Partie de France en 1791, la duchesse de Saulx-Tavannes raconte ses séjours en Belgique, Hollande et Angleterre, la façon dont y est perçue l'affaire de Quiberon. Elle émigre ensuite en Russie d'où elle ne reviendra qu'en 1806" (Fierro, 1322) ; "Le chapitre VIII concerne le retour des émigrés et les renouveau des salons. Ayant récupéré une partie de leurs terres, le duc et la duchesse de Saulx-Tavannes se retirent en Bourgogne. On retiendra l'épisode du métayer qui a soustrait aux vendeurs révolutionnaires quatre journaux de terre (p. 174)." Tableau de Outin |